Ena / Carnets / Les débuts dans le sud

Premières danses sur Avignon

Du dimanche 20 au jeudi 24 juillet

Dimanche 20 juillet

Ismaël et Nicolas sont déjà sur la place quand j’arrive en fin d’après-midi. Il y a encore deux groupes de hip-hop qui doivent passer et ce sera à nous. Je me sens un peu stressé, ils ne m’ont jamais vu danser et leur niveau est largement supérieur au mien. Ils sortent tous les deux du conservatoire de danse d’Avignon et ils ont un sacré bagage de danse classique. Une danseuse vient nous rejoindre, elle s’appelle Jeanne, tout juste sortie du conservatoire de Lyon. Et c’est parti sur une musique classique, je me lance tranquillement dans l’espace, retrouver les marques. Ma danse est géométrique, je suis les lignes classiques et les dynamiques de Isma et Nico. Eux s’envolent dans des sauts de biches, des triples pirouettes, des lancés de jambes… Je n’ai pas le niveau mais je développe ma danse avec plaisir. Il se met à pleuvoir, on écourte le spectacle. L’épreuve est passée je me sens libéré. C’est parti pour danser sur Avignon!

Lundi 21 juillet

Je retrouve Nico sur la Place de l’Horloge, Isma n’est pas là mais il y a Julia. C’est une gymnase qui vient d’Allemagne. On fait une improvisation avec un danseur hip-hop. Je me sens mieux qu’hier, plus à l’aise. Aujourd’hui il ne pleut pas on peut finir tranquillement l’impro.

Mardi 22 juillet

Même rituel, fin d’après-midi quand le soleil se fait moins violent on se retrouve sur la place centrale d’Avignon. Aujourd’hui, on est quatre : Nico, Jeanne, Julia et moi. On danse beaucoup sur Brel, “Les bourgeois” marche particulièrement bien. Le chapeau me rapporte environ 10 euros par jour, j’arrive à vivre avec.

Mercredi 23 juillet

Personne sur la place ! Il n’y a que les danseurs hip-hop. Je commence à penser au solo. Je sympathise avec Ali, il veut bien me prêter sa sono. Après son spectacle “Alchimie”, la place se libère, c’est à moi ! Je n’ai plus de force…je ne veux pas y aller… je commence…je m’arrête…je suis prêt à abandonner…Momo et Ali m’encouragent. Je me lance, il y a peu de public, je n’arrive pas à l’accrocher, je me stresse, je ne respire plus, mes mouvements me fatiguent… Je ne connais pas la musique d’Ali, je ne connais pas sa durée, je la finis difficilement…durée 7 min. Je remercie, je laisse un chapeau, 7 euros. C’est un début, au moins je l’ai fait !

Jeudi 24 juillet

Je me lance tout seul dans les rues ! Projet : danser sans musique dans une rue, utiliser les dynamiques de passage pour construire ma danse, prendre les bruits comme musique, faire évoluer une danse sur une longue période, etc… Je trouve un coin de rue sympa, je construis mon théâtre de fortune : scotch et drap. Et c’est parti pour 1h30 de danse. Constat : il fait chaud, les gens ne comprennent pas, ça fait un peu fou du village, je ne gagne pas beaucoup d’argent (9 euros)… Il manque avant tout de la musique !