TNA Théâtre Nomade Autonome

Ena / Carnets / En route vers Barcelona

Vagabondage dans Madrid

Du lundi 25 au dimanche 31 août

L’arrivée… Je contact Gian, un argentin de 25 ans qui travail dans un hospital. Je découvre un petit appartement dans un sous-sol, plafon bas, murs en pierre…il est charmant et très sombre. Son ami arrive une heure plus tard. Nous partons pour le Retiro Park. Scéance de jogging trois fois par semaines, c’est les buttes de Chaumont de Madrid. Je renonce à les suivre, je m’installe à la terrasse d’un café et commence « Bel Ami » de Maupassant. Je consacre tout les jours une heure ou deux à la lecture…temps de pause et d’oubli. Je plonge dans les livres, portes ouvertes vers mes rêves. Difficultés de trouver le bonheur. Les instants de joie et d’accomplissement se mêlent au doute, au remise en cause… mon livre devient un compagnon de voyage. Après « La peste » de Camus qui a rythmé ma vie barcelonaise, Maupassant me donne une bouffée d’air. J’aime ce milieu parisien de la IIIe république, les milieux d’affaires, les scandales…et cet homme qui gravit l’échelle sociale grâce aux femmes…roman légé et fluide…c’est un bonheur. Ils reviennent de leur effort, je referme mon livre. Nous passons la soirée dans le quartier gay de la ville, passage de bars en bars, de bière à tapas. Nous rentrons vers 2h du matin…je me replonge dans « Bel Ami ».

Premier jour… Réveil…les pages défillent…je sors du lit vers midi. Quand je dis lit, il faut voir un canapé d’un mètre cinquante où mes peids ont joué avec l’attraction toute la nuit. Je pars à la découverte de la ville. Tentative de m’implanter à Madrid sans jouer les touristes…plan d’attaque : 1. Où sont les théatres contemporains et les lieux de danses 2. Où sont les galeries d’arts contemporains 3. Trouver une bibliothèque. Je tente une entrée dans la bibliothèque nationale, deux cordons de sécurité passé pour arriver face à une femme qui me dit de chercher sur internet le livre qui m’interresse et de revenir. J’abandonne. Je trouverais ma bibliothèque qu’une semaine plus tard. Pour les théâtres c’est le flop total à l’office de tourisme, ils n’y connaissent rien. Il y a environ 70 théatres sur Madrid, mais bon c’est comme ça… J’apprendrai plus tard que la saison commence surtout en octobre. Finalement, j’arrive à trouver les lieux touristiques : les lieux d’arts les plus connus. Je me résigne, c’est pas facile de sortir de sa condition de touristes. Impression qu’une ville ne se découvre pas au inconnu, femme qui demande de l’écoute et de la patience. J’oublie mes vélleités et me rends au Caixa Forum…architecture fabuleuse…selon moi. Il y a une exposition sur Alphonse Mucha. L’art nouveau au service des débuts de la publicité, je découvre ses affiches de théâtre avec Sarah Bernarth. En sortant, je tente une autre bibliothèque. J’arrive, elle ferme…horaire d’été. Je me sens fatigué. Je cherche un bar pour me plonger dans mon livre. Je m’installe au « Olibo » calle cadix, le barman est sympa, la bière n’est pas chère et les olives sont offertes…se sera mon Q.G. pendant deux semaines.

Journée touristique… Nouvelle installation de mon canapé, mes pieds peuvent se reposer de la vieille, de la marche…je me réveil à midi. Je pars pour découvrir les lieux touristiques : la Cathédrale, le Palacio real, la Plaza Mayor… Impression d’agir pour marquer mes souvenirs, dire que j’y suis allé…pouvoir parler facilement de Madrid. Malgré tout, c’est impressionnant ! J’aurais aimé connaitre mieux l’histoire de l’Espagne pour nourrir mon imaginaire…les institutions, les moeurs, les costumes. J’aime le sous-sol de la Cathédrale, ces voûtes blanches et compactes qui imposent le repos de l’âme. Influence d’une architecture sur les sentiments humains, sur ses mouvements. Je croise mes mains dans le dos, mon pas ralentit…un peu comme dans une galerie ! Après ces visites… vous devinez où je vais ? J’y rencontre Manolo et Pedro qui auront une importance plus tard. Quand je rentre à l’appartement, il n’y a personne…jogging au Retiro Park ! Je retrouve la terrasse et mon livre. Je sais que je ne peux plus dormir chez eux et je n’ai pas de plan de secours…Mais où alors ? En toute logique, je pense à la rue.

Ma nuit dans la rue… Le temps de prendre quelques affaires, mon sac reste chez Gian et je pars à la découverte des rues de Madrid. Je commence par une pause au « Olibo » pour un peu de lecture. Je resors de Maupassant avec la fermeture. De nouveau dans la rue. Il n’y a rien de fameux à vouloir dormir dans la rue quand on peux se payer un hotel mais c’est comme ça…un rêve d’adolescent d’être un clochard libre et sans contraintes, un Tom Soyer des temps modernes. J’ouvre grand les yeux à la recherche d’un lieu pour dormir. J’en avais repérés dans la journée mais ils se révèlent tous douteux avec le recule. Je veux dormir en hauteur comme dans un arbre qui protège des animaux…enfin de ceux qui ne grimpent pas. Je repère des toits, des avancées de magazin…rien ne me convient. Je ramasse des cartons en guise de lit et je tombe sur un échaffaudage. Perfecto ! J’y trouve un clochard qui me crie dessus : « No robas ! No robas ! ». Je dis dans un espagnol parfait : « No problemo, yo quiero dormir aqui solo una noche, buenas noche. » Je me rends vite compte que mon rêve d’ado est un peu con ! Je caille toute le nuit, la peur au ventre. Je me réveil de bonne humeur avec le soleil qui réchauffe mes os de petit clochard. Ça sera la première et la dernière fois sur Madrid.

Troisième jours… Je dois trouver un endroit pour me laver…direction l’Olibo, fermé…je vais à côté. Je me rafraichis les idées et direction le Caixa Forum. La seconde exposition est sur Charlie Chaplin. Sans plus…je prends juste conscience que c’était une star à son époque. Le cinéma n’est pas la peinture ! Je me dirige vers le Retiro Park que je trouve reposant, plein d’énergie bénéfique. J’aime ce parc ! Il va devenir mon second lieu de prédilection. J’en ressors pour rentrer au Prado…ou plutôt l’annexe du Prado…mais ça je ne le sais pas encore. Je me rends à l’appartement de Gian pour dire bonjour, que ma nuit c’est bien passée. Je regarde mes mails…Manuel m’a écrit. Vous vous en souvenez ? Je l’appel rendez-vous dans un bar. J’ai du mal à remettre son visage…il dit être l’ami de Pierre. Je suis un peu perdu, je lutte pour savoir qui est Pierre. Vous avez devinez j’espère ? Pas moi. La soirée est très sympa avec deux de ces amis…toujours dans le quartier gay. Depuis le début de mon voyage en Espagne, je rencontre beaucoup de gay…Toni à Barcelona, Gian à Madrid et maintenant Manuel. L’analyse des raisons est encore un peu flou…mais la parenthèse se rouvrira. Je quitte Manuel pour « Le Café Madrid ». Je ne sais toujours pas où je dors. J’arrive dans le bar, Antoni m’accueil les bras ouvert. Pourquoi « Le Café Madrid » et qui est Antoni ? C’est encore Hospitalityclub la raison. Je passe beaucoup de temps sur internet entre les recherches de contacts et l’écriture de mon blog…environ une ou deux heures par jour. Cela diminuera par la suite. Bref nous partons pour un autre bar avec ses amies. Il me propose de dormir chez lui. Mais vous saviez déjà que je n’allais pas dormir dans la rue ? Je prend une douche et au lit…content de retrouvé les douceurs d’un matela, les carresses d’un air frais. Je dors parfaitement.

Vendredi… Réveil tardif, je termine « Bel Ami », je l’échange contre « Jacques le fataliste » de Diderot. Je travail un peu mon espagnol et je passe du temps sur internet. Je me retrouve dans la rue, la journée est bien entamée. Je vais à l’Olibo. Je n’accroche pas avec mon nouveau livre, j’aurais du prendre « La condition humain » de Malraux. Je mange mes olives. J’emprunte un téléphone pour appeler Manuel.

Le week-end chez Manuel… Il arrive peu de temps après. Je remets enfin son visage, c’est sans doute le décor qui m’a aidé. Le puzzle se remet en place : Manolo et Pedro sont Manuel et Pierre ! Soirée agréable avec cet homme timide et attentionné. Il sera mon premier prof d’espagnol car il baragouine le français et ne brille pas en anglais. Je lui raconte mon histoire de l’échaffaud, il est consterné. Il me prose de dormir chez lui.

Au réveil, il lave mes affaires, me prépare le petit déjeuné…une personne avec le coeur sur la main. Nous partons pour visiter Reina Sofia, le Beaubourg de Paris. Promenade de six heures dans l’exposition permanente, mon esprit est à l’affue. Je prend des notes sur les artistes qui correspondent à mes recherches…mon carnet sort et se range dans un esprit de plagia. J’interprète sans rien connaitre de leurs intensions, j’y trouve ma subjectivité. Mon projet se déplace et évolue. On en resort fatigué et affamé. Manuel m’offre des Tappas. Je ne sais pas si c’était de la compassion ou de la pitié mais il payerait tout pendant le week-end. Nous partons à l’Olibo…la terrasse est pleine ! Malheur, que faire, je suis perdu. Manuel connais d’autres lieux sympas. Je suis content de découvrir d’autres bars. Je tente un Mojito ! Depuis mon accident à coup d’acier dans le dos, l’alcool ne dépasse pas 16º. J’avoue à Barcelona avec Toni, à Saint-Cast avec Tiphaine…mais bon, c’est l’exeption qui…nous rentrons un peu gris. Je me réveil, petit mal de crâne, une douche et je suis de nouveau sur le départ. J’appel Pilar que j’ai connu avec Hospitalityclub, elle ne répond pas. Manuel ne peux pas m’héberger plus longtemps, mais au moment de l’aurevoir c’est lui le plus inquiet sur ma nuit prochaine. Je retourne à Reina Sofia.