Carnets / En route vers Barcelona
Madrid…la libération
Du dimanche 31 août au dimanche 7 septembre
Une transition en douceur… Je quitte Manuel, je retourne à Reina Sofia. Je découvre le travail de Théo Jansen, bricoleur de génie construisant des architectures mobiles qu’il appel « Animal Artificiel ». C’est impressionnant, la structure avance toute seule avec le vent ou l’elan. J’enchaine avec un retrospective des photos de Steichen, une photo de Brancusi dans son atelier une hache à la main est éblouissante de force et de passion. On aperçoit l’atelier qui a perdu de son âme derrière les vitres de la ville de Paris. Je resorts après 3 heures de visite. En sortant, un homme à lunettes noires m’appel dans la foule. Je suis surpris ! Que fait Manuel ici ? Il voulait me prévenir que Pilar l’avait rappelé, ne voyant pas d’autres solutions, il part en courant vers Reina Sofia dans l’espoir de me voir. Et le voilà face à moi, un peu essouflé, il m’anonce que je peux dormir chez Pilar ! Merci Manuel, un type en or. Nous allons nous ballader au Retiro Park. Ambiance familliale par ce dimanche ensoleillé, nous sirotons un verre face au lac où glissent les barques des amoureux. Les oiseaux chantent, les enfants jouent et les saltimbanque épanouissent la rate des vulgaire… Ces touristes qui photographient un travelo qui danse la samba avec des melons en guise de sein est du dernier chic. Nous partons au Palacio Real pour un pique-nique sur l’herbe et c’est l’heure du second aurevoir. J’arrive chez Pilar en fin de journée. C’est une femme charmante et accueillante, je me sens tout de suite à l’aise. Elle me donne les clés de l’appartement. Pour la première fois, depuis mon départ de Rennes, j’ai des clés. Et ça change tout ! Je suis libre de mes mouvements. Nous passons la soirée dans un restaurant africain avec ses collocs, Alina et Monica, et d’autres amis. L’appartement se trouve à Lavapiès, c’est un quartier multiculturel…Afrique, Asie et Amérique du sud se mèlent dans ses rues animées. Je vais resté chez elles une semaine.
La danse… C’est vrai la danse dans tout ça ? La dernière semaine n’a pas été productive, errance et recherche de lit, la danse était de coté. Je prends des résolutions : lundi 18h Plaza Mayor. Je dois me forcer pour y aller mais j’y vais. Mon poste, mes chaussons, je m’installe, étirements et ça commence. Ça fait plaisir de reprendre, je gagne peu mais je m’en fou, j’ai repris ma recherche. Rendez-vous le lendemain. Je prend plaisir mais bon ça n’a rien de fantastique. Je commence à travailler sur le lien entre regards et appuies au sol. Je tente des utilisations de l’accrobatie…bref c’est en rien un spectacle, c’est un atelier. Je gagne 7 euros comme la veille. Depuis quelques jours, je pense à alléger mon sac et la vente du poste de musique me travail. Mercredi, Maxime, un ami de Pilar, passe à l’appartement… Je lui propose le poste. Il est interressé. Il me donne l’argent. Il le prendra dimanche. Je passe toute mon après-midi angoisé, stressé. Je bouquine à l’Olvibo, je me ronge les ongles. Je me questionne…Ai-je fais une erreur ? Pourquoi vouloir vendre le poste ? Seulement une question de poid ? Comment je vais faire pour danser sans musique ? Je retourne à la Plaza Mayor en fin de journée… Je danse 10 minutes, je retourne à l’Olvibo, j’ai le coeur plein de joie ! Tout est clair maintenant. Le but de mon voyage n’est pas de danser pour gagner une misère, perdre mon âme en plaissant au vulgaire. C’est de découvrir des cultures, apprendre des autres danses. Je devais me libérer d’un poid abstrait… ne plus être lèsté de ma danse, me laisser dériver, porter par l’energie, la danse des pays. Un bateau à la mer vient de larguer les hamars ignorant où son prochain port sera. Je me mets à nu peu à peu, abandon des objects de protection. J’ai expérimenté seul jusqu’ici, maintenant commence mon envie d’apprendre.
Besoin de repères… Mes vélleités d’anti-tourisme se révellent surtout être une fatigue du voyage, des aurevoirs… necessité de repères, d’habitudes, de point d’appui. Je ressens le besoin de retrouver un temps quotidien où une journée peut être raté, seulement trainer, rester couché. Chez Pilar calle Embajadores , je me sens bien, un peu comme chez moi. Maintenant je comprend mes désirs de la semaine passée, l’onde vient de toucher le bords du lac. Je trouve une bibliothèque facilement, ma carte verte en poche, je me plonge dans l’histoire contemporaine espagnole. C’est le temps des révisions, la bibliothèque est pleine, réminicences de la fac d’histoire. Petite euphorie dans le coeur, souvenir de l’angoisse des futurs examens. C’est un bonheur ! Le hasard de passer proche de son ancien école et d’apercevoir par une fenetre entrouverte des enfants apprendre à écrire. J’aime cette atmosphère de travail, de lecture et de silence…un peu comme une église ! Je m’achète Le Monde Diplomatique. Je m’installe à l’Olvibo. Je me sens bien. Je plonge dans les analyses géopolitiques, réactivation des mécanismes de perception à grande échelle. Je sors de mes questionnements. Je m’ouvre au monde des idées. Je prend un abonnement au cybercafé à deux pas de l’appartement. Je vais y passer beaucoup de temps pour chercher un sofa à Granada et Sévilla…préparation de la suite de mon voyage malgré tout.
Jeudi… Je suis libéré de mon poste. Je vais travailler au Retiro Park. Méditation, assouplissement, musculation, équilibre…training de 2 heures. En fin de journée, je retrouve Pilar. Nous allons boire une bière avec ses amies. Je n’ai pas beaucoup parler de Pilar jusqu’ici. Vous me direz que je suis égoïste. Je vous repondrai qu’elle est infirmière. Ces horaires de nuit s’arrête aujourd’hui…elle aura plus de temps. Le temps de finir mon verre et je pars dans le centre retrouver Sara. Qui est-ce me direz-vous ? Je vous reponds comme pour Antoni. Je la retrouve à l’Olvibo. elle est avec Béné une italienne. Elle l’accueille pour quelques jours. Hospitalityclub ça fonctionne vraiment bien…enfin quand ça veut. Soirée sympathique, on parle politique, littératures, des voyages et des rêves. On se donne rendez-vous le lendemain en fin de journée pour faire une vidéo…
Vendredi… Je vais acheter « Castillon de cartón » de Almudena Grandes. Sarah me l’a conseillé…je compte me mettre à la littérature en espagnole… odeur vague de vélleitée à l’horizon mais je me lance malgré tout… bière, olives et dictionnaire. Sarah, Béné et son copain me retrouvent à l’Olvibo en fin de journée. Nous partons vers Lavapiès, objectif toit-terrasse, vu imprenable sur Madrid ! Béné a pris sa camera. Le projet de la veille se met en place…me filmer dansant sur un toit d’immeuble. C’est un bonheur de danser avec une vue à 360º de Madrid, impression de libertée. Je comprend pourquoi j’ai vendu mon poste. Expérimentation, utilisation des lignes directrice, les routes, les inclinations des toits, l’intensité de la lumière, des couleurs… j’espère que vous verez un jour cette vidéo. Nous allons boire un verre dans Lavapiès, nous nous donnons rendez-vous le lendemain. Je retourne à l’appartement. Une soirée « sorcière » s’organise, je prépare une salade…et je me repose. Je discute avec Monica, une femme charmante qui parle français. Mardi, on est partit faire du patin au Retiro Park. Ce soir, elle m’offre une improvisation de clown. Je me retrouve 3 ans en arrière…reflexion sur le masque, le clown, les enjeux, les états… Je me rend compte de mon parcours, le théâtre est toujours en toile de fond. Mes recherches, mon voyage m’y remènerons à un moment ou un autre. Mais j’espère qu’il n’y aura pas de costume, pas de décors, pas de gradin…mais des vêtements, un lieux et des présences. Je n’y suis pas encore… La soirée est animée, je retrouve les amis du restaurant africain. Vers 2h, tout le monde va sur le toit… la céremonie commence. Alina dirige le rituel. Nous sommes en cercle autour d’une marmitte d’alcool en feu. Elle inquente la formules ancestrale de la Galice…croyance paienne, les sorcières et les esprits. Elle déverse de sa louche des rivières de feu, les nuages s’écartent, la lune apparait… Religion éteinte, devenu un folklore, une histoire de mémoire, de ne pas oublier.
Samedi… Je prend des boites de carton, du polystyrène et des lanières de plastique. Pourquoi faire ? A priori, de la sculpture…plutôt de l’assemblage…non du « destruction art »…oui, oui c’est ça… Direction Retiro Park. C’est partit pour un atelier de création de forme, d’architecture miniature… Je prend le carton…déchirer, découper, enfoncer…espoir de créer un espace scénique miniature. C’est un échec. Je prend une boite, les lanières…elles résistent, je les plient, elles se courbent, je les fixent, elles s’achappent…de belles courbes s’entrelacent dans un cube moins deux faces. Là, ça ressemble à quelque chose. Le carton devient péton, le plastique de la toile, matériaux opposés, légère envolé perçant les murs armés de la froide industrie. Je prend le polystyrène et le carton. Jolie totem, devient une aille…je danse sur l’herbe, les sculptures me guident, je devient forme, le vide et la matière, seulement mouvement. Ça fait du bien d’être libre dans les expérimentations ! Après ces 3 heures dans l’herbe, une petite pause s’impose… Je retrouve Sarah, Béné á l’Olibo… Je ne reste pas longtemps, j’ai rendez-vous avec les filles pour aller faire la fête dans un ville de la banlieu de Madrid. En septembre, beaucoup de villes dans la region organisent des concert gratuit, des animations. J’ai pas très bien comprit pourquoi, un truc patronale je crois… en tout cas c’est sympa. Ce soir, concert de Gwendal, un groupe breton ! J’ai un peu honte, je suis le seul à pas connaître… Comme quoi, c’est pas si simple les questions de géographie. On danse comme des fous…saut de joie, ronde à trois…farandolles et compagnie. On finit sur les tappes fesses, queues de poisson sur le trottoir, je te pousse dans le parterre, en avant un tobogan… On rigole comme des enfants.
Et c’est déjà le dernier jours… Mais c’est toi qui l’a choisit ! C’est vrai. Je vais lire au Retiro Park. Je passe devant le Prado et je vois une grande affiche sur Goya. Je ne comprend pas, je ne l’ai pas vu ! Mon père m’avait parlé de Goya, du tableau « Saturno devorando a un hijo »…mais je réalise aujourd’hui que je n’y suis pas allé. Je me sens frustré, j’ai rien vu des Goyas, des Vellasquès, des…et des… bref je suis passé à coté du Prado. Il est 18h et on avait fixé un rendez-vous à l’Olibo. Je fait une croix sur Goya en trouvant stupide d’avoir une parole d’honneur. Je retrouve Sarah. Béné et son copain sont en retard…on les appel…ils sont au Prado ! Il reste une heure et demi avant sa fermeture. On fonce, je cours vers la salle des Pinturas Negras (1820–1824)…magnifique…laid…effrayant et touchant…plein d’espoir, de tristesse, de souffrance… Je trouve que la vie est belle, qu’elle te donne tes rêves quand tu es honnête…influence des toiles bibliques qui m’entoure !
Nous nous retrouvons tous à la sortie, direction le bar…una caña y olivos, por favor. Nous allons manger des tappas… uno boccabillo de calamares y uno tubo, gracias. Je commence à parler un espagnol médiocre… Je rentre à l’appartement, je regarde le film « Dentro el laberinto » avec Pilar. Dernier moment à Madrid, impresssion de me construire, d’avancer dans mes rêves, mes projets. Ma vie est là devant moi, ce n’est pas un voyage, c’est la découverte de la liberté…