Carnets / Madrid-Granada
Granada : septième semaine
Du lundi 20 au dimanche 26 octobre
Lundi… Réveil. Petit déjeuner avec Marion. Je vais chercher le pain, elle prépare le thé et vis-versa depuis 1 mois. Nous allons sur la terrasse, au salon quand il fait froid. Je me douche, m’habille et rejoint Zevik. Nous prenons plaisir à jouer ensemble après cette pause de quelques jours. Le temps de faire reposer les élèments. Ma danse est plus construite, j’utilise des enchainement de la « Farruca » pour m’en écarté après. Temps de la mise en place de la danse. Commencer par les articulations, mise en mouvement des tensions, pousser, tirer… Entrer dans l’espace, utilisation de l’air comme partenaire, investir les vides, se faire appeler… Rythmes des pieds à l’instint, manque de technique pour controler… Utilisation de l’imaginaire pour nourir la danse, éléments extérieurs, sensations dirigées, qualités et forces sont liés… Les spirales, les chutes, se laisser porter par l’histoire du mouvement, par sa suite logique… Je ne suis qu’un canal, le mouvement me traverse.
Il m’enseigne les palmas = frappes des mains. Elles s’adaptent aux rythmes des différents styles. Nous verrons. la « Farruca », le « Tango », la « Allegria » et la « Buleria ». Temps en gras = accentués
- Farruca : En 4 temps. Troisième temps accentué. 1-2-3-4
- Tango : En 4 temps. Premier temps marqué avec le pied. Dernier temps accentué. 1 (pied)-2-3-4
- Allégria : En 12 temps. Le temps 7 et 9 sont doubles, deux fois plus rapide. 1-2-3-4-5-6-7-8–9-10-11-12
- Buleria : En 12 temps. 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12
Les rythmes se trouvent à l’écoute et à force de pratique. Puis il y a toutes les variations possibles que les rythmes permettent. Par exemple :
Tango, on fait des doubles frappes, des contres temps dans la structure en 4 temps
Allégria, on peut frapper seulement les accentuer.
Et plein d’autres complications. Sachant que je n’ai pas expliquer tous les styles… Rumba, Soleare, Seguiriyas, Fandangos…
Les mains doivent être détentu, différents types de frappe que je ne vous expliquerais pas ici. Je m’entraine. Je comprend un peu mieux les rythmes. Sabrine m’avait prévenu de commencer par les palmas, je n’ai pas voulut l’entendre…j’avais mon chemin à découvrir…maintenant j’y vient et c’est important pour comprendre la danse flamenco. Ce n’est pas le faite de frapper des mains l’important, c’est de chanter le rythme, l’avoir dans la peau. Avoir des appuis dans la musique, connaître sa structure, évolutions, variations.
Nous dansons une heure. Fin du « travail » avec le sourire, de l’énergie et 8 euros en poche. On se retrouve jeudi, même heure, même endroit.
Je rentre bouquiner Blaise Cendrars, Dan Yack Tome 1. Après avoir quitter son île cimetière où ces 3 amis sont morts, il réalise un coup industriel en construisant une usine de transformation de baleine au milieu du Pacifique Sud. Chasse organisée avec de nouvelles technologies, gestion millimètré de la production, utilisation de toute les matières, pas de perte, comme le cochon. Multiplication de la gamme des produits, diminution des goûts, polutions et destruction de l’environnement… Dan Yack, anglais richissime, capricieux et chanceux dévelloppe un rêve d’utopie sociale, d’une île communautaire, avec des centres d’éducation pour les enfants… Déperdition d’une âme à la recherche d’amour, alcool, jeux et jouet sexuel… Chasse à la baleine, sentir son sang sur la figure, froid glaciale, chaleur de la mort…
Allons au cinema… « Siyil Ijtifaa » film franco-palestinien de Elia Suleiman. Je suis éblouit par ce film, un chef d’oeuvre dis-je en sortant. Les compagnons me regardent, cherchant l’ironie. Non, vraiment. La narration découpé, scènes en plan fixe, répétition des actions, lenteur, quotidien de Tel-Aviv. Chaque plan porte une idée qui se dévelloppe jusqu’au bout. Puis un autre plan. C’est simple et précis. Touchant par son humanité, les symboliques sont cachés sans vouloir montrer, caméra témoin, sans prétention, sans revendication. On sens battre le coeur des hommes. On sens le soleil, le temps, l’ennui de la vie commune.
Mardi… Je pense depuis quelques jours à inviter Marion au restaurant, pour la remercie de son accueil. Vésu me conseille « Railes », restaurant végétarien, où ils ont mangé quand sa maman était là. Je marche dans la rue à sa recherche. Je trouve, j’entre.
« Une réservation pour deux, s’il vous plait. Une table tranquille prêt de la fenêtre. Parfait. A ce soir. » Et tout ça en espagnol. Parce qu’il faut pas oublier que je parle en espagnol. Mes expressions se limitent à deux-trois sructures de phrases qui me permet d’exprimer la totalité de mes sensations. Pas besoin de grandes discutions philosophique, mouvement de la vie limitant les paroles. Agir et se taire.
Je commence des cours de langue sur internet. Histoire de m’améliorer. Voilà un mois que je tente d’organiser des échanges de cours avec Maria ou Vésu. Voilà un mois que je parle avec la même structure de phrase pour tout expliquer. Devant un ordinateur au centre de langue moderne. Les écouteurs, un papier, un crayon…c’est gratuit, c’est pratique. Je suis bête d’y penser que maintenant. J’apprend les bases…alphabet, articles, numero, dates, heures. Articulations du temps, structures de la phrases, qualité du nom…Vocabulaires de danse.
Flamenco. Dans la classe de 19h-20h, Jésus commence à danser. Je le rencontre, plutôt sympa. Je lui propose mon aide, Pressy m’y invite. On se donne rendez-vous le lendemain. Chez lui 14h.
Je passe chercher Marion. Elle finit d’attacher ses bijoux. Nous sortons. Nous entrons.
« Une table pour deux au nom de Simon Queven, s’il vous plaît. » Le restaurant est vide. On s’assoie en riant. Une entrée, bon vin, plat de résistance. Je prend une « Calabacino relleno, gratinado al horno, con guarnicion » ou plus simplement une courgette farcie végétarienne. Souvenir des étés à Lérat. Mami nous préparait les courgettes du jardin de Papi. Souvenir, vague sensation d’enfance… la bouché me rappel, la glace et la table, les pieds plein de sables… Marion se moque de moi. Et la Madeleine ? Petit désert, on sort prendre l’air.
Nous reprenons les boulevards jusqu’à la « Casa de Vinos », dégutons des vins. Un « Castillo Perelada Crianza » puis un « Alfonso Seco » vin oloroso de Jerez. Un des meilleur vin de ma vie. Puissant, lourd, fruité…proche de la liqueur, je le bois goûte à goûte. Soirée de saveur, de parfait et d’arômes. Nous allons nous couché.
Mercredi… Réveil chez Marion. Départ vers la piscine. Falafel à la sortit pour calmer notre faim. Je me dirige vers Albaycin où Jésus habite. Evidement je ne le trouve pas, il vient me chercher. Le cour commence : « Direction », « Redobles », « Primera fase », « Secunda fase », « Tercera fase ». C’est rigolo de se retrouvé professeur de flamenco. J’enseigne ce que j’ai appris de Lilly, de Pressy, de Tomomi. Il est attentif et souhaite apprendre. Il travail dans le théâtre. Dernièrement, travail de technicien de plateau sur un spectacle de Jerome Savary. Essaie de monter un projet sur Granada. A vécu dans des squatt à Barcelona. Un type que j’aime bien. Je vais passer pas mal de temps avec lui.
Classe avec Pressy, je tente de me libérer des contraintes de style, utiliser les espaces vides pour respirer, sortir de la tension que je m’oblige à garder… Jésus galère toujours mais ça va venir. Nous allons boire un coup au Bar Elvira. On change de bar pour voir un spectacle flamenco-comique. Utilisation des images carricaturale du flamenco pour faire rire, finesse conserver par leur maitrise de art. Très bon spectacle comique, j’avais totalement oublier ce plan de l’art… Je rentre chez Fancesco et Vésu. Film. « La science des rêves ». Deuxième vision, je rentre mieux dans l’histoire, elle me paraît logique, je voyage…
Jeudi… Je me réveil dans le salon, sur le lit clic-clac que j’occupe depuis plusieur semaines chez Francesco et Vésu. Je m’habille, je sors, je retrouve Zévik. Nous jouons 3 heures, nous gagnons 16 euros. Les choses se font naturellement, on ne sens plus la fatigue. Nous tentons devant la Cathédrales, ça marche bien, les touristes s’arrêtent, prennent des photos, repartent sans rien dire, en ne donnant rien. C’est mieux avec les terrasses. Mais on ne fait pas ça que pour l’argent.
Retour à mon clic-clac, ouverture du livre, le temps se déroule.
Je prend l’appareil de Francesco, direction mon ancien squat pour faire des photos. Travail en lien avec la danse. Je tente de me laisser aller aux lignes, formes, textures. Je tente d’expliquer, de prendre les lieux majeur de 2 semaines de vie. Première photos de mon voyage. Choix évitant de ne pas en vouloir, la frustration se révéle à cet instant, les photos expriment des idées pleines. On bout d’un heure, je me sens vide, l’appareil bute, s’agrippe, je dois le pousser, je dois arrêter. Plaisir de découvrir la photo, début d’un apprentissage en fond de toile, cinema et peinture, figuration et abstraction.
Internet. Grande décision. Je clique. Réservation accepter. Billet allée-retour Dakar-Paris. Je prend un vol direction Paris le lundi 22 décembre. Revoir mes proches, ma famille, passer les fêtes de noël avec les siens. Je repars vers le Sénégal le jeudi 6 janvier. Pour continuer mon voyage, continuer mes recherches sur la danse, sur le mouvement. J’appel mes parents pour les prévenir. Je prépare à manger, nous regardons un film. « Dernier tango à Paris ». Je n’ai pas d’avis.
Vendredi… Je passe à la bibliothèque. Je rend les deux tomes de Dan Yack. J’emprunte « Madame Bovary » de Flaubert. Retour à son écriture. J’aime particulièrement sa gestion du temps, les vides de la narration, les années qui défillent en quelques lignes. J’aime ses descriptions, son travail sur les personnages, sa précision.
Je retrouve Jésus pour la deuxième leçon. « Paso de toda la vida », « Cordination con los brasos », « Los trè fases ».
Je passe sur internet pour une leçon d’espagnole.
Classe de flamenco de 18h à 20h dans la cueva de Pressy.
Soirée avec Jésus. Nous commençons par le « Boabdil », bar des bières du vendredi soir avec les gens de la classe. Nous retrouvons des amis, nous sympathisons avec des inconnus, nous rigolons…soirée dans un bar où la serveuse est une pile électrique, toujours de bonne humeur.
Puis direction le bar « Elvira » où Jésus a travaillé 3 ans, il est un peu chez lui là-bas. Je me sens intégré dans la vie des fétards de Granada. Mais je rentre tôt, ayant hâte de commencer Flaubert. Je suis assez sérieux, demain je danse avec Zevik.
Samedi… J’ai demandé à Fransesco de faire un captation vidéos. Histoire de montrer mon travail. Avoir un support. Nous jouons Plaza Bibalhambra, ça se passe bien. Francesco se la joue grand réalisateur, ça me fait rire. La danse se passe très bien, je sens que je capte l’attention, je la tiens, je la perd, je me perd, je me calme… je reprend mes appuies. Nous gagnons 24 euros chacun. C’est bien.
Deux amies de Zevik sont là. Elles sont d’Israël. Neva danse très bien le flamenco. Elle m’enseigne un peu le tango. C’est rigolo, il y a une bonne ambiance. Nous allons boire des coup dans la c/ Elvira. Nous entrons par un mauvais hasard à « La bella y la bestia », bar à tappas que je déteste, que je haïsais avant même d’y être entré. Nous fuyons ce bar BCBG raté pour un vrai bar : Bar « Elvira ». Soirée musique. Vésu chante super bien les classiques américains des années 60, notament Janniss Joplin. Nous rentrons à l’appartement où la musique continu avec Vésu, Zevik à la guitare et Neva au percussion.
Dimanche… Petit jour de danse avec Zévik. On joue le temps de gagner 10 euros. On retrouve Neva et son amie. Ballade reposante jusqu’à la Plaza de Torros. Je découvre l’appartement de Zévik. Sensation de Plouay. Les tableaux sur les murs, les meubles en bois, les tapisseries…je suis dans la maison de ma grand-mère. Nous sortons manger un tappas. Et c’est le départ, les filles rentrent à Jerez-de-la-Frontera. J’ai prévu d’aller voir Neva la semaine prochaine, mon départ approche, suite de mon voyage. J’ai envie de passer quelques jours chez elle pour apprendre les palmas. Je rentre à l’appartement, je m’endors en lisant, je me réveil en ballant… Cuisine à la friture qui se révèle un catastrophe. Film « Fight Club ». Toujours aussi bon. Il faut que je lisse le livre. On sort au « Booga » pour la Jam Session du dimanche. Du jazz au reggay, soirée sympa avec Francesco et Zévik. Bon dimanche