Carnets / Madrid-Granada
Granada : la rentrée en classe
Du mardi 23 septembre au dimanche 28 septembre
Mardi 23 septembre… Un espace tagué, dallé et ombragé…il fait chaud se matin. Devant une administration public, entre la bibliothèque et la C/ Gran Capitan, j’investis le lieu… Etirement, chaussures enfilés, les mains fixés, le bassin placé…l’espace tagué entend resonner mes pas. Crainte des plaintes, déranger les fonctionnaires, une fenêtre s’ouvre, femme travaillant à son ordinateur, elle m’appel : « T’as pas bientôt finis ton bordel ! »… J’imagine. Je me trompe. Un sourire m’accueille, m’encourage, m’interroge. « Tu gagne de l’argent ou c’est juste pour l’art ? »… Je retourne dans mon espace. Ses collègue de bureau me sourient. Le flamenco est bien venu.
Depuis une semaine, je travail les fesses sur une chaise regardant la classe de 17h à 20h. Depuis une semaine, je travail les pieds devant une glace dans la cueva de Lilly. Je ne danse pas encore, face de transition. Je regarde, je pratique la technique, je me berce de musique, je m’imprègne du flamenco. L’après-midi vient doucement. Je me dirige vers la cueva de Pressy. Je commence la classe de 19h-20h. Deux heures d’observation où la danse se révèle plus claire, découpée, le vocabulaire commence à se fixer. J’essaie de mémoriser la « Farruca » de la classe de 18h-19h… type de danse propre à un chant, à un rythme en 4… une danse plastique, sobre et solannelle. J’espère bien rejoindre ce groupe dans quelques semaines. Dans ma classe, nous apprenons une « Allégria »…rythme différent, en 12 avec accentuation sur 7-8 et 9-10… danse joyeuse, optimiste et railleuse. La technique se passent bien, la danse aussi…cela fait une semaine que je la regarde…elle est un peu en moi. Mon enseignement commence, il a fallut du temps mes j’ai trouvé mon maitre. Le flamenco est bien venu.
Mardi soir… Hier, j’ai reçu un message de Marion, une amie de Rennes. Je l’appel après la classe. Je passe chez elle. Nous sortons C/ Elvira pour une bière. Je commençais à me sentir chez moi dans ma cabane. Des tentures couvraient mon fauteil, mon lit… Les puces étaient partit… La salle d’eau était rodée… Je savais où manger. Depuis deux semaines dans cette habitation précaire, les habitudes changent, le confort devient apparence dans ce climat de fin d’été. Mais les nuages, la pluie viendront. Les murs se couvriront de froid, d’humidité, de grisaille…Les courants d’air descendront de la Sierra Nevada… Et telle les ombres que la nuit depose sur une ville, le froid entrera dans mes os pour en brûler la moëlle. Mais ces craintes n’ont pas de sens ! Ce soir, je dors chez Marion. J’ai ma chambre, une douche chaude et au lit. Demain, deuxième jours de classe…mon sac est préparé, mes vêtement allignés.
Mercredi 24 septembre… Réveil au réveil. Thé, Miel, Beurre salé sur Baguette, Flaubert, Canapé, Terrasse ensoleillé… Promenade à deux. Classe de flamenco…ça commence par la technique, il faut que vous alliez voir l’article « Granada & le Flamenco » pour la classification des pas de 1 à 5 et de gauche à droite…
Début avec « Paso de Toda la Vida », variation autour du pas « Direction » : début pied droit 1D-3G-3D = 1 temps puis 1G-3D-3G = 1 temps…en tout 12 temps ( 1 compas) : 10ème temps = 1G seulement…le temps 11 et 12 sont sourd… Si vous comprenez, je continue. Début pied droit puis seconde fois début pied gauche. C’est simple pour le moment. Après on tourne, toujours 12 temps vers la droite puis la gauche… Enfin en avancant vers la droite puis vers la gauche…mais là on fait 2 compas : ça veut dire que l’on répète deux fois le rythme. Les temps de transition 11 et 12 ne sont plus sourd puis l’on répète 12 temps, avec 11 et 12 sourd à la fin… bref c’est plus long.
Après, il y a « Redoble » : 2G-3G-1D-1D (troisième positons pied gauche devant) = 1 temps. Puis on change de pied, ça devient 2D-3D-1G-1G (pied droit devant). Toujours 12 temps avec 2 temps sourd à la fin, le 10ème temps = 2G ou 2D seulement. Vous suivez ? Puis on tourne au 7ème temps, 7-8-9 et 10 pour faire le tour. Dans les deux sens… On peut aussi faire 2 compas sans tourner. Voilà pour les Redobles.
Puis il y a « Los Très Fases ». Comment ça la dis, c’est trois phases différentes, toujours départ pied droite répété trois fois puis pied gauche trois fois aussi. Il faut surtout comprendre les 12 temps compté 123-456-78-910-11 et 12 sont sourd.
Primera fase : 2D-3D-3G-2D-3D-3G-1D = 3 temps, de 1 à 3 et de 4 à 6. Puis 2D-3D-3G-1D = 2 temps, de 7 à 8 et de 9 à 10. Il y a un changement de rythme.
Secunda fase : C’est pareille que la primera fase avec un contre-temps : 2D-3D-3G-2D-3D-3G-1D-3G toujours de 1-3 et 4-6. Puis 2D-3D-3G-1D-3G pour 7-8 et 2D-3D-3G-1D pour 9-10. En gros on ajoute 3 contre temps.
La tercera fase : 2D-3D/2G-3G/2D-3D/2G-3G/1D = 3 temps de 1-3. Puis 2G-3G/2D-3D/2G-3G/2D-3D/2G-3G/1D = 3 temps de 4-6. Puis 2G-3G/2D-3D/2G-3G/1D = 2 temps, deux fois, de 7-8 et de 9-10. En gros s’est surtout avec la pratique et l’écoute du rythme que le pas devient intelligible.
Enfin, la* « Cordination con los brasos »*. J’explique juste le pas qui sert aussi pour les pirouettes. Utiliser le mouvement d’un pas de bourré… 2G-3G (vers la gauche) 4D-2D-3D (passant devant le pied gauche) 1G-1G (troisième position pied droit devant) = en tout 3 temps. La même dans l’autre sens. Après on ajoute des mouvements de bras, mais il faut mieux voir…
Voila pour la technique…ça suffit pour aujourd’hui.
Mercredi soir… Je sors avec Marion, nous nous ballader dans Albaycin. Mon voyage se fait à deux maintenant. Retrouvaille d’une amie de Rennes. Hasard de la vie, petit manque du pays, qui maintenant sépanouie…Parler de nos souvenirs à Rennes, des siens, des miens…en voyage, en Belgique…de sa coloc avec Germain, de ses projets, de ses amours, de ses craintes. Mon temps devient partagé. Nous rencontrons un argentin surchargé. Nous l’aidons… Nous discutons… Nous sympathisons… Nous nous séparons… Il nous indique un bar, c/ de Panaderos del Albaycin. Il nous y retrouve un peu plus tard avec ses amis. Soirée agréable. Sentiment de liberté, être accompagné, inversion de mes idées… Direction le quartier Realejo, c/ Carril de San Cecilio pour le Quilombo. Soirée Erasmus…Nous dansons à deux toute la nuit… essayant désespérement de corrompre le DJ au Rock et au Funk…la soupe musicale revient comme des spasmes. Stupidisation des populations par la musique commerciale, servit sur un lit d’image fantasmagorique, elle s’insinue dans le cerveau, influençant nos rythmes, nos émotions..attaquant l’imaginaire.
Jeudi 25 septembre… C’est jour de congés. Petit thé marocain, c/ Caldereria Nueva… Soleil, Flaubert, douceur de l’air, raffinement des contrastes, suspension du temps… Nous tournons doucement, s’écartant du soleil, fin d’aprés-midi. Saucissons. Saumon. Fromage et Olives. La table est drèssée. Petit vin, chandelles… Il manque la cheminée. Apéritif dinatoire dans les règles de l’art. Plaisir du pallet, retour du bon goût.
Vendredi 26 septembre…Le temps s’étire, je retrouve un quotidien. Organisation structurée du futur… Capacité à tenir un agenda… Sédentarisation du mouvement de la vie… Création d’habitudes, de répétitions… Le matin, petit déjeuné sur le terrasse… miel, céréales, pain, beurre salé, confiture et thé… Je me lave…De 11h à 12h, je vais m’entrainé à l’espace…Puis je bouquiner à la bibliothèque… Je reviens vers 14h. Nous préparons à manger. Nous allons sur la terrasse profité du soleil. Nous mangeons en regardant l’Alhambra. Après ce temps de repas, j’aime à lire Flaubert en buvant du thé. Puis vers 17h, je pars pour la classe de Flamenco. Je resors vers 20h. Il fait encore jour. Je rentre chez Marion dans le quartier Realejo. Ce soir, fondu au chocolat ! Plaisir de tout recouvrir de chocolat…tous brille, sucré, appétissant ! Ce soir, c’est vendredi soir…pour un homme-agenda ça veut dire on sort…
Simon. « J’ai rencontré un italien super sympa, il y a quelques jours…je peux l’appeler ? »
Marion. « Tiens mon téléphone. »
Simon. « Hola Francesco, es Simon. »
Francesco. « Ho, Si ! Hola Simon ! Que tal ? »
S. « Bien, bien. Que haces esta noche ? »
F. « No say. Y tu ? »
S. « Donde estes ahora ? »
F. « Penso ir a la calle Elvira dentro una hora »
S. « Ok, vamos, cuanto nosostros saliremos, yo te llamo, Vale »
F. « Vale, hasta despuès ! »
S. « Hasta luego »
Bon, ça s’est pas passé exactement comme ça… Marion a pris le téléphone pendant quelques minutes… Francesco avec son accès italiens…Moi avec un accent français assez marqué…la discution tournait en rond. Mais c’était histoire de dire que je commence à parler espagnol ! Pas très bien, mais je me débrouille. Bref, on le retrouve une heure plus tard. Francesco est toujours aussi expressif dans ces sentiments, il respire le bien-être et la fraicheur que son innocence a sus concerver. Il me présente Vésu, sa copine…femme charmante avec de belles dreads blondes et de petites lunettes rondes. Nous allons à Eshavira. Nous dansons toute la nuit…
Samedi 27 septembre… Réveil Tardif. Impression de week-end…mal de crâne de la veille…la journée s’écoule tranquillement… Nous faisons des crèpes… Nous partons chez Francesco et Vésu. Deuxième soirée plus calme. Crèpes, nutella, petit verre de vin… Musique jazz, Marion parle avec Vésu, je blague avec Francesco. Nous sortons un peu dans les bars. Nous allons nous coucher. Un peu fatigué.
Dimanche 28 septembre… Réveil frais. Je me plonge dans une couverture moelleuse pour dévorer « L’éducation sentimentale ». Petite ballade à deux en fin de journée. Nous montons vers l’Alhambra. L’automne est tombé cette nuit sur Granada. Il fait frai et doux, la nature retrouve sa majesté, son calme, sa profondeur. Le temps glisse sur un filet d’air. Le soleil se fait bas, l’eau retrouve sa place. Passage de l’été à l’hiver. La lumière diffuse une clarté faussée. Mirage flottant sur les feuilles mortes de l’automne.
On se couche tôt. Demain, Marion commence sa fac de sociologie. Nouvelles rentré des classes.