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En route vers le Maroc

Du mardi 4 au mercredi 5 novembre

Le stop

Dernier réveil à Granada, ce matin c’est départ vers Jerez-de-la-Frontera…enfin c’est ce que je crois. Petit déjeuner avec Francesco…une idée lui vient : louer une voiture pour aller ensemble à Jerez. Nous allons voir les prix, c’est honnête…on s’imagine déja sur la route. J’appel Niva pour la prévenir de votre arriver…Elle ne peut plus m’héberger ! Tout tomber à l’eau. Je décide de partir vers le Maroc, accélerer un peu mon voyage. Ce soir j’espère être à Tanger. Francesco déçut m’accompagne jusqu’à la sortie de la ville. Je fais un panneau, il me laisse sur la route, nous nous reverrons. Il n’y a que les montagnes qui ne se croissent pas.

Je rencontre une russe faisant du stop, elle va à Malagua comme moi. On se fait prendre rapidement. Le dernière trajet en stop, c’était Barcelona-Madrid…je bredoullais l’espagnol. Aujourd’hui, je suis à l’aise. Maria est russe, elle vit en allemagne depuis dix ans, parle russe, allemand et anglais. Le conducteur est andalou, il travail chez un concurent de Ikea, va chez Ikea et ne parle qu’espagnol. Je sers d’intermédiaire. Maria souhaite aller en Afrique du Sud en bateau pour faire une surprise à son copain. Ça me parait totalement fou. Toute petite avec ses cheveux blond, elle ne porte pas ses 33 ans. Elle ne connait rien à la mer et se lance dans cette aventure… Elle espère prendre 2 semaines pour le voyage, resté une semaine avec son copain rugbyman et rentré avec lui en Allemagne. Je ne comprend pas. Pourquoi tu ne prend pas l’avion ?

On nous dépose après Malagua, direction Algeciras. Hamin nous prend en stop, il est algérien, venu en espagne pour gagner sa vie, travail dans la location de voiture. Son rêve : Acheter une moto pour traverser tous les pays arabes depuis le Maroc jusqu’à la Turquie. Il économise pour cela. Je lui souhaite bonne chance pour son rêve. Nous sommes de nouveau sur la route. Maria hésite sur son itinéraire, je lui dis d’aller au Canaries et de chercher un voilier pour l’Afrique du Sud. Elle veut prendre un gros bateau, je lui dis que c’est payant. Elle a peur de tomber sur des fou, je lui dis de prendre l’avion…

Deux australiens s’arrêtent. Ils ont un van équipé, sont blonds et font du surf… Ils nous laissent 2 km avant le port de Tanger parce qu’ils ont peur de la police…que le van est assuré pour deux…Merci. Nous marchons. Maria veux prendre un bateau pour Les Canaries, je lui dis de partir de Tanger. Elle ne veux pas aller au Maroc. Nous nous perdons dans la gare maritime. Je ne connaitrais pas la fin de l’histoire de cette écrivaine voyageant pour trouver son inspiration. Je m’achète un billet. Un nouveau voyage commence.

Le bateau

Le passage de la douane, la police des frontières puis un long tunnel… tube bleu, embarquement des bateaux, je suis seul, mon sac, je marche… Le saut vers un nouveau continent, dans quelques minutes je quitte l’Europe. Un marocain m’appel. Je prend vers la gauche. Il s’appel Yassir. On monte dans le bateau. C’est désert. On s’installe à une table. Il revient au pays, sa mère vient de mourrir. Il travaillait en Espagne, garagiste me dit-il. Nous sortons fumer une cigarette sur le pont, la nuit vient de tomber, le bateau se lance, les lumières de l’Europe s’éloigne. On discute de tout et de rien. La traversée se passent tranquillement. Voila la côte africaine, le port de Tanger, je suis au Maroc.

La nuit à Tanger

Yassir connait un hotel pas cher, 50 dirham me dit-il. Nous prenons une chambre…un dortoir un peu délabré avec vu sur le port. Bizarement le prix a augmenté, maintenant c’est 100 dirham. J’accepte l’anarque. Il me semble sacrement dans la merde ce brave homme. Il me raconte son histoire…  » J’ai travaillé pendant 15 ans dans la police marocain… J’étais beau à l’époque… Regarde la photo. Je bois beaucoup… Je frappais un peu trop… Les plaintes… Je me suis fait muté à Agadir puis ils m’ont viré pour faute professionnel. Je bois un peu trop… Je buvais trop. Je frappais ma femme. J’ai pris quelques mois… On a divorcé. Elle a prit tout mon fric ! Ma mère vient de mourrir. Les espagnoles c’est tous des cons, c’est des racistes… La France c’est mieux. « 

Je reste tranquille à l’écouter, je ne panique pas. Ne pas sortir d’argent, ne rien lui payer et prendre le large demain matin. Il veut fumer, on fait une sortie. On s’arrête manger une soupe de poid chiche. Retour au dortoir. Yassir est touchant, mélangeant mensonges, rêves et déceptions. Je me mets en recule, garder la tête froide, ne pas se mettre au pied du mur. Je le provoque, je le taquinne, nous rigolons. Soirée intense, être méfiance et amitié, je ne sais où me placer. Au matin, c’est bien au côté d’un ami que je me réveil. Je vais me ballader dans Tanger.

Ambiance glauque, les routes sont défoncées, les gens semblent malades et déprimés… Anti-chambres de l’enfer, avant goût de l’Europe qui s’ouvre à l’Afrique. Je suis à Babylon, le stress, la polution, la pauvreté… Un heure de ballade autour du port de Tanger, je prend un billet de bus pour Fès. Départ à 12h15. Je prend deux thés à la menthe et des madeleines, petit-déjeuner avec Yassir qu vient d’émerger. Il se réveil vélléitaire, veut venir avec moi, roule un joint et oublie tout ça. Je ferme mon sac, prend la route, il me salut depuis le balcon. Étrange expérience que ces heures à Tanger… goût amer de la misère humaine.