TNA Théâtre Nomade Autonome

Ena / Carnets / Saint-Louis

Dakar #1

Du lundi 24 au samedi 29 novembre

La maison à Sicap Karac

Je me réveil chez Oumy et Marc-André. Dans une maison en dur, chambre et matelat, eau courante et frigo. La télévision et les rires de Maria me sortent du sommeil. Je prend mon petit-déjeuner en regardant les dessins-animés, en fonction des matins, je traine plus ou moins. Profiter de ce confort familliale. Le réveil de bonne heure, le bol de lait chaud, la baguette fraîche, les céréales, les morceaux de bananes…Le temps du matin, bien au chaud dans le salon. Réveil en douceur. Profitant d’un départ, je prend la course, entrons dans la ville…

Le Centre Culturel Blaise Senghor

Premier pas dans la danse africaine
Rencontre avec les ballets de Dakar
Ils dansent de 17h à 21h30
Rythmes et mise en scène dont les symboles m’échappent

Nouvelles conceptions de la représentation
Rituel dans un univers urbains
Histoire sortie du contexte ?
Prendre le temps de ne pas savoir

Chercher son prof, son maitre
Début du choix, questionnement
Que suis-je venu chercher ici ?

Où est mon ouverture, ma curiosité ?
Plusieurs jours seront nécessaires
Temps d’adaptation…

Partons découvrir la ville

Trottoirs cabossés
Les égous débordent
La vie se déverse
Tourbillons de joie
Nature, tu es là !

Le quartier européen

« Le mien c’est l’inverse du bien » me disait ma grand-mère
Les vitrines, les trottoirs,
Les lumières, les affiches
Tout est propre
Tout est sous contrôle
Système oppressant
Sclérose de ville
Fuyons
Pour un marché
En tuile, en toile, en vrac…

S’assoir manger

Tiboudjen
Poisson au riz
Prendre son dictionnaire
Se mettre au Woloof
Tenter timide une petite phrase
On se sourit, on sympathise
On reste un peu
Prenons un thé
Repartir heureux, croire au progret
Progresser en langue
Alors faut s’y mettre

Prendre le livre, l’ouvrir, le fermer, répéter, tenter de retenir, ne pas savoir prononcer les g, les kh, les…ne pas persister, ne pas s’investir, se décourrager et s’abandonner à la facilité du français, à sa capacité de communication en Afrique.
Manque de motivation.
L’espagnol est venu tout seul. Le woloof butte aux portes de ma conscience. Le dictionnaire se referme souvent terrassé par ma paresse
Savoir pourtant que la langue est un clé de la danse…

Allons voir un spectacle

« Echo…d’un pas d’un homme »
Diariétou Keïta
Seule en scène
Histoire d’un panneau de bois au milieu du désert

Les caravanes nomades
Bientôt remplacées venant de la mer
Les beaux négriers
Bientôt une règle me divisera

La civilisation
C’est le progret
Les voitures me passent dessus
On a faillit m’acheter

Un americain
Il trouvait que j’étais belle
Marquer par l’histoire…

Magnifique femme
On discour profond
Sa force, son combat
Pour une Afrique ouverte
Aucune haine, aucune charge
Accepter !

Ballade dans la ville

Je rencontre Hamine dans le bus
Il cherche un stage
Je l’accompagne
De bureau en escalier
D’escalier en bureau
Le monde de l’entreprise

Prise de conscience
D’une réalité que j’oublie trop souvent
Le monde du travail
Début d’angoise

Attrophie des cerveaux
Encagement de l’espèce
Embrigadement débillisant
Quête au progret

Sans fondement autre que l’argent
Artifice de vie, au service des riches
« Faut pas en parler, Berlin est tombé »
Alors je sors, prendre mon rêve en main
Le syndicalisme, ce n’est pas pour moi.

Allons voir une répétition

Le Ballet National au théâtre Sorrano
Je m’assoie dans la salle
Les danses commencent…

Je ne comprend pas en faite je n’aime pas
Ils dansent…je trouve qu’ils gesticulent
Ils miment…pantomime de bas étage
Ils sont pleins de vie, d’énergie et d’amour

Je me sens con avec mes jugements
Hermétique à leur art, incompréhension
Fermeture d’esprit, manque d’écoute

Je retourne au CCBS
Avec un autre œil
Mes critères de qualité ne sont plus les mêmes
C’est drôle comme métamorphose

Le monde change d’un coup
Mon cœur s’ouvre
Dans les dents d’acier
Que l’esprit critique
Laisse entrebâiller

Passer prêt de l’arbre

Source de sommeil
Au pied de son ombre
Un danseur m’appelle…
La poussière s’élève
Pied nu dans la terre
L’amitié se créait
Il s’appelle Jo
Comme mon grand-père
Ce sera mon maitre
Sur un coup de cœur
On commence lundi
Cours particulier

Je passe à la librairie

Je me plonge dans les livres, un Flaubert m’attire : « Bouvart et Pécuchet ». Je ne l’ai pas lu, incapacité à m’en détacher. Je l’achète. Je rentre vite pour le commencer… S’installer après une douche sur le lit moelleux de ma chambre, ouvrir avec excitation le livre et plonger dedans !
Ce livre occupera de nombreuse nuit
Fin de journée, en rentrant, après le repas et la toilette, s’installer pour déguster quelques pages de bonheur, se sentir reposer, apaiser.

« L’éducation sentimentale »
« Madame Bovary »
Maupassant m’avait plu avec son « Bel Ami »
Je découvre son maitre
J’en suis amoureux

Et pourtant je bute
Je trouve sa rugueux
Un peu dur, écriture pleine
Charger de sa vie, de sa vie d’auteur

Luttant jusqu’au bout
Jusqu’après la mort
Sans pouvoir atteindre
La compréhension

Je regarde deux hommes voulant remplir le vide d’une vie ; partant tout feu tout flamme dans la moindre lumière ; abandonnant tout quand la cendre s’envole ; espérant ailleurs un rêve de fumée.
Apprendre enfin fils de Sisyphe à poser sa pierre pour creuser sa grotte

Nous n’aurons la fin
La tête sur la table, la plume est à terre
Un écrivain est mort